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Sentier découverte

Sentier glaciologique de Gébroulaz

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Bienvenue dans la vallée du Doron des Allues.
Bercés par le bouillonnement de l’eau vive du Doron, nous allons remonter ensemble ce fougueux torrent jusqu’à sa source : les entrailles du glacier.
Ce n’est qu’après 3 h de montée que vous découvrirez le fleuve de glace qui s’écoule des aiguilles de Péclet-Polset. Gébroulaz était le dernier glacier privé jusqu’en 2003. Il appartenait à une famille, les Etievent. Il est devenu propriété communal à cette date. Ensemble, nous allons pouvoir, à pied, revivre en quelques kilomètres l’histoire de ce glacier, vieille de plusieurs milliers d’années… Suivez-moi !
Ce sentier vous fera découvrir et comprendre la vie fascinante de ce fleuve de glace depuis la dernière glaciation. Il fait référence à des bornes numérotées et implantées le long d’un sentier qui monte jusqu’au col de Soufre à 2819m d’altitude. Vous allez randonner dans un site exceptionnel : respectez-le !

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STATION 1

AU DESSUS DE VOTRE TÊTE,
UN FLEUVE DE GLACE DE 1000 M D’ÉPAISSEUR

Au temps où régnait un climat polaire.
Imaginez le froid de l’hiver qui s’éternise pendant des millénaires avec des températures plus basses qu’aujourd’hui d’une dizaine de degrés. Imaginez les neiges éternelles qui descendent jusqu’à 1500 m d’altitude, les vallées recouvertes de glace sur une épaisseur de plus de 1000 m, d’où seuls émergent quelques sommets balayés par un vent glacial. Imaginez encore des fleuves de glace qui envahissent les plaines. Vous n’êtes pas au Groenland… mais en Vanoise, il y a « seulement » 20 000 ans, lors de la dernière glaciation dite du Würm. Lyon, Chambéry, Grenoble étaient noyés dans un océan de glace.

LE SAVIEZ-VOUS ?
Une épaisse calotte de glace recouvrait tout le Nord-Ouest de l’Europe. La réserve d’eau que constituaient ces accumulations de glace sur les continents était telle que le niveau des océans était de 100 m plus bas qu’aujourd’hui. LA Corse et la Grande-Bretagne étaient rattachées à la France.

Un climat qui souffle le chaud et le froid
Sur les 2 derniers millions d’années, les glaciers des Alpes connaissent des avancées et des reculs périodiques, environ tous les 100 000 ans.
Ces va-et-vient correspondent à un abaissement de la température de 6° à 10°C.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Une des raisons expliquant ces grands changements climatiques est d’ordre astronomique : ils sont déclenchés par les variations de l’énergie solaire reçue par la terre au cours de l’année en fonction des modifications cycliques de la position de la terre par rapport au soleil.

L’EMPREINTE DU GLACIER

Un sculpteur de paysage Pour se frayer un passage, le glacier a grossièrement taillé cette vallée existante en empruntant des zones de fracture et de roches tendres. Comme un immense rabot, il use et polit la roche qui ne peut résister aux formidables pressions qu’il exerce.

Les vestiges de son passage En s’étendant, le glacier charrie, tel un immense tapis roulant, les roches qu’il arrache à la montagne. Lorsqu’il se retire, il dépose ces roches dans le paysage et laisse de nombreux indices de son passage. Ce sont, entre autres, les blocs erratiques, énormes rochers isolés déplacés sur plusieurs dizaines de kilomètres et les moraines, ces accumulations de rocs, de pierres et de terres déposés par le glacier. Ici, dans le vallon du Fruit, le climat s’est radoucit il y a environ 16 000 ans et la glace a fondu, réduisant les glaciers à une peau de chagrin. Les moraines qu’ils ont laissées sont le souvenir le plus manifeste du passage ancien de cette énorme langue de glace.

LE SAVIEZ-VOUS ? Lorsque ces rochers, pierres, graviers et terres, perdus par la montagne, se déposent sur les flancs du glacier, on parle de moraines latérales ; sur son extrémité inférieure, c’est une moraine frontale, plus rare car les torrents l’ont généralement démantelée au cours du temps.

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STATION 3
STATION 4

LES DERNIÈRES RETOUCHES PAR LES TORRENTS

Une montée en escalier : Depuis votre départ, vous avez constaté que l’ascension n’est pas régulière, elle s’effectue par « à-coups » : à chaque fois une montée raide débouche sur un large replat (le plan de Tuéda, le vallon du Fruit ou le Saut). Voilà, encore, la signature de l’érosion glaciaire.

La vallée fait de la résistance :  En rabotant son lit, le fleuve de glace qui dévalait cette vallée est tombé sur des nœuds de roches plus dures qui barraient son passage. Malgré sa « boulimie », le glacier a butté contre ces obstacles et la glace s’est accumulée en amont. Sur les replats, les épaisseurs de glace plus importantes exercent plus de pression et creusent davantage. Lorsque le glacier s’est retiré, la bosse de roche dure est apparue en saillie : c’est un verrou glaciaire, barrage naturel d’une cuvette où s’installera peut-être un lac glaciaire.

La réaction du torrent : Le glacier fondu, le torrent s’emploie progressivement à remblayer les cuvettes glaciaires en y déposant sans cesse des matériaux arrachés aux moraines. Une fois comblée, la cuvette se transforme en plaine alluviale : une surface caillouteuse, composée de bancs de sable, de limons et de blocs grossiers. Aujourd’hui, le torrent se fraie un passage dans ces remblais, traçant des méandres sinueux.

QUESTIONS-REPONSES
Savez-vous pourquoi l’eau vive du Doron des Allues est d’une couleur blanchâtre opaque ?
A quelle saison de l’année le débit du Doron est-il le plus important ?

LE « DERNIER SURSAUT » DES GLACIERS

Avant les années 1600, le Moyen-Age semble avoir bénéficié d’un climat moins rigoureux, avec partout dans les Alpes des glaciers très réduits.

Le « petit âge glaciaire »
La dernière crue des glaciers alpins pour laquelle on dispose de documents écrits a débuté vers 1600 pour s’achever vers 1850. Ces avancées glaciaires sont la conséquence d’un abaissement d’un petit degré de la température moyenne.

Des monstres aux « gueules béantes »
Les débordements des glaciers font irruption dans la vie des montagnards. En 1820, à l’apogée de leur puissance, des terres agricoles ont été ravagées et deux villages détruits dans la vallée de Chamonix. La Suède, la Norvège et l’Islande ont connu les mêmes phénomènes.

Gébroulaz : une avancée progressive de 2 km
Le plus ancien document représentant le glacier de Gébroulaz est le cadastre sarde établi vers 1730 : la limite « glacier et pierriers » y est portée à moins d’un kilomètre des chalets du Saut.

LE SAVIEZ-VOUS ?
En montant, vous croiserez sur votre gauche un piton blanc de gypse (pierre à plâtre). Malgré sa fragilité apparente, il a bien résisté à l’érosion, ce qui illustre la facilité avec laquelle le glacier laisse un verrou.

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LES NOUVELLES FRAÎCHES DU FRONT

La guerre des tranchées
Le front du glacier est une frontière en perpétuel changement. Son aspect varie en fonction de l’issue du combat que livre le glacier contre son réchauffement et les terrains avoisinants.
En aval du front, une ride morainique bien marquée souligne la fin de l’avancée la plus récente qui a culminé en 1983. Elle donne un repère pour évaluer le mouvement de recul observé depuis 1985. Quant aux imposants « vallums », ces moraines en forme de crêtes aigües, de part et d’autre de la vallée, ils marquent l’extension maximale du « petit âge glaciaire » des années 1820.

Des parties importantes
Dans sa partie supérieure, en hiver comme en été, le glacier stocke des précipitations sous forme de glace. La fonte estivale du glacier de Gébroulaz équivaut, par seconde, à un volume d’eau d’environ 10 baignoires de 300 litres chacune. Cette eau de fonte est évacuée par des torrents sous glaciaires qui s’échappent du glacier, les « torrents émissaires ».

LE SAVIEZ-VOUS ?
Contrairement aux torrents nés de sources, les torrents glaciaires ont un débit nettement plus important l’été que l’hiver. A cause de la fonte des glaces, c’est en période estivale et surtout en fin d’après-midi, que les eaux de ces torrents émissaires sont les plus abondantes et les plus difficiles à traverser. Leur couleur blanchâtre est caractéristique des torrents glaciaires. L’érosion sous-glaciaires transforme en fines particules les matériaux et c’est cette « farine glaciaire » en suspension qui blanchit l’eau.

NAISSANCE D’UNE ÉNORME RÉSERVE D’EAU : LE GLACIER

Au royaume du froid et de la glace
Les aiguilles de Péclet et Polset culminent à plus de 3000 m d’altitude. Sur ces sommets, il tombe sous forme de neige l’équivalent de 2 m d’eau par an. A cette altitude, la belle saison est trop courte pour faire fondre cette couche de neige. Celle-ci s’accumule alors sur les replats et dans le creux.

L’alchimie de la neige dans la zone d’accumulation
La neige s’accumule et se tasse sous son propre poids. Puis l’eau de fonte estivale imprègne (dans les Alpes, en dessous de 4000 m d’altitude) les sous-couches neigeuses, comble les vides et modifie la structure des cristaux de neige. Là-dessus, l’eau gèle à nouveau et les grans se soudent… un névé est formé.
Plus tard, sous l’action de la pression exercée par le poids des nouvelles couches de neige et de névé, une nouvelle métamorphose s’accomplit : le névé compressé et détrempé se transforme en glace compacte et imperméable.

LE SAVIEZ-VOUS ?
La percolation de l’eau de fonte dans le névé le réchauffe et ramène sa température à 0°C. Le névé imbibé d’eau joue le rôle d’un isolant et protège le cœur du glacier des fluctuations de températures extérieures. C’est une caractéristique de nos glaciers à plus de 4000 m d’altitude, qui restent froids.

PETITE EXPÉRIENCE
Ramassez de la neige pour former une boule. Lorsque vous la serrez entre vos mains, la neige fraîche se tasse, en chassant l’air. La compression modifie les cristaux et favorise leur soudure. C’est le même processus qui se produit dans le glacier sous la pression de la neige accumulée, mais sur une échelle de temps plus longue.

L’ART DE LA FONTE
Si la surface du glacier est propre et blanche, elle réfléchit la chaleur solaire sans l’absorber. Si, au contraire, elle est recouverte de fins débris rocheux, elle en absorbe la majeure partie et sa fonte s’en trouve accélérée.
Mais si cette couverture minérale dépasse quelques centimètres, elle devient un isolant efficace. Ainsi la couverture morainique qui recouvre la moitié Ouest de la langue, près du front, est probablement responsable de l’allongement plus important du glacier de Gébroulaz sur la rive gauche.

Des tables glaciaires
Il en va de même pour les gros blocs de pierre qui protègent la glace sur laquelle ils reposent, formant ainsi des tables glaciaires. Au cours de l’été, ces tables finissent par basculer du côté du soleil. Elles constituent alors un moyen d’orientation par temps de brouillard (au Sud dans les Alpes).

Des bédières : des canyons sinueux

Pendant les journées les plus chaudes, l’eau de fonte serpente à la surface du glacier, creusant des rigoles appelées bédières, qui peuvent parfois ainsi se transformer en véritables torrents.

Des moulins à eau.
Le plus souvent, l’eau vive des bédières rencontre une crevasse dans laquelle elle s’engouffre bruyamment. Elle constitue ce qu’on appelle un moulin, du fait du bruit qui rappelle celui des antiques moulins à farine. Sur le glacier de Gébroulaz, leur profondeur peut atteindre 60 mètres.

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UN LONG FLEUVE TRANQUILLE ?

Ne vous fiez pas aux apparences !
Le glacier peut paraître immobile et figé quand on l’observe, mais il n’en est rien. Poussé par son propre poids de plusieurs dizaines de millions de tonnes, le glacier s’écoule vers le bas. Il progresse alors au ralenti, comme une gigantesque coulée de lave visqueuse. Pour Gébroulaz, les vitesses sont de l’ordre de 30 m/an vers 3 000 m d’altitude, tandis que près du front, elles ne sont plus que de quelques mètres par an.

LE SAVIEZ-VOUS ?
Les glaciologues mettent en évidence le mouvement des glaciers à l’aide de témoins qui voyagent avec la glace (ligne de pierres peintes, balises). Ils relèvent leurs déplacements d’une année sur l’autre. Ce graphique montre que la vitesse de déplacement de la glace est plus importante au centre du glacier que sur les bords : les berges de la vallée jouent le rôle de freins. Ce sont ces différences de vitesse, entre autres, qui sont à l’origine de certaines crevasses.

Cela fond sur la langue
Dans sa partie supérieure, en hiver comme en été, le glacier stocke des précipitations sous la forme de glace : c’est la zone d’accumulation. Plus bas, à cause des températures plus élevées, le glacier perd plus de glace qu’il n’en gagne : c’est la zone d’ablation, encore appelée langue glaciaire. Vers 2 800 m d’altitude, sur le glacier de Gébroulaz, la ligne de névés marque le passage de la zone d’accumulation à la zone d’ablation.
Si l’accumulation de neige vers les sommets est plus importante que la fonte de la glace en contrebas le glacier va s’allonger. Dans le cas contraire, il va régresser.